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Scott Matthew

 

Ode to Others

Glitterhouse Records/ Differ-ant

« C’est le premier album que j’ai écrit qui ne concerne pas l’amour romantique. Même s’il y a un sentiment de romance, il n’est pas du tout connecté à ma vie amoureuse personnelle. Cet album parle de gens et d’endroits qui n’ont pas de lien direct avec ma douleur romantique. »

Scott Matthew rit en prononçant cette dernière phrase. Il rit beaucoup ces derniers temps. Ce n’est pas seulement comme si un poids avait quitté ses épaules, c’est plutôt comme si quelque chose de nouveau et de magnifique avait commencé dans sa musique. La douleur n’est peut-être pas partie. Mais sur Ode to Others, il semblerait que Scott ait changé de point de vue du tout au tout.

« Mon Dieu, vous devez avoir une vie si horrible », doivent avoir pensé les gens de Scott, d’après l’intéressé. « Avec le dernier album ‘This here Defeat’, j’ai commencé à en avoir assez de montrer ça. Je ne voulais pas que ce nouvel album soit à propos de ces choses-là. Alors je me suis donné pour objectif d’écrire des chansons parlant d’autre chose. Des odes aux gens que j’aime ou que j’admire, même des personnes fictives – et des endroits qui n’existent que dans mon cœur. Et c’était vraiment rafraichissant pour moi. »

Le Public et le Privé, les grandes choses et les petites choses se fondent dans les paroles qu’il a écrites pour Ode to Others. Where I Come From est une ode à son père Ian, Cease and Desist est dédiée à Paul, son oncle décédé et dans Not Just Another Year il célèbre son meilleur ami Michael à l’occasion de l’anniversaire de leur relation qui, malheureusement, s’est terminée entre temps.

En même temps qu’il observe ces gens, qui signifient beaucoup pour lui, il élargit également sa vision à des endroits du passé et du présent. Des endroits comme son enfance en Australie (Flame Trees est une reprise du groupe Australien Cold Chisel) ; New York, où Scott vit depuis 20 ans en tant que citoyen Américain (The Sidewalks of New York, une chanson historique originellement écrite par J.W. Blake à la fin du 19ème siècle) ou le village médiéval Portugais Santarém d’où il peut se placer en explorateur du monde, « What I love most maybe glory lost / Or the sadness that’s sweet / Or the ones under our feet ».

Le regard que porte Scott sur le monde est celui d’un admirateur transi mais également celui d’un homme en deuil. Par exemple The Wish est une chanson sur le massacre d’Orlando (12 juin 2016), quand un homme seul envahi le club « Pulse » et tua 49 personnes, la plupart des membres de la communauté LGBT. Quelques heures plus tard, Scott écrivait les paroles, exprimant le désarroi le plus total : « This is an assault against love /Still no-one helps, they just pray above / And I wish I could help / I wish I could have helped”.

Pourtant, cette tétanisante impuissance devant une violence si insupportable ne devrait pas être un dernier recours. C’est clair dès le début du nouvel album dans la chanson End of Days, une ode à la résistance qui, dans ce cas, est dirigée contre la politique du président américain actuel. Scott Matthew utilise le pronom « nous » pour ceux qui refusent de se soumettre et d’accepter. “We may be trembling with fear, it won’t hold us back / We ain’t going away / We’re gonna stay till the end of days“ . C’est l’amour qui dirige et qui comble cette attitude. Le narrateur de cette chanson ne veut pas répondre à la haine avec de la haine, mais au contraire avec le pouvoir universel de l’amour qui ne tarit pas et dure jusqu’à la fin des temps.

Aucun de ses cinq précédents albums n’est aussi divers, ni aussi magnifiquement orquestré ou avec des arrangements aussi complexes qu’Ode to Others. C’est le résultat de la collaboration avec le guitariste de scène de Scott, co-auteur et producteur Jürgen Stark. « Je ne savais même pas si j’aimais mes chansons avant que Jürgen n’arrive et leur donne cette personnalité et ces magnifiques superpositions. »

Il est très fier de l’album, dit Scott Matthew : « Je pense que c’est un des meilleurs albums que nous ayons jamais fait, pour de nombreuses raisons. L’idée du minimaliste n’était pas très centrale avec cet album, mais il n’est pas pompeux pour autant. Il comporte toujours une forme d’intimité, mais aussi toutes ces superpositions intriquées. Et au final, toute cette histoire. »

On pourrait penser que l’album Ode to Others est un nouveau départ musical pour Scott Matthew. Ce n’est pas tout à fait vrai. C’est plutôt le résultat d’un changement de perspective ; d’un homme regardant le monde du présent et du passé pour mieux se découvrir lui-même en tant qu’observateur amoureux, admiratif, même si parfois dédaigneux.

Un regard vers les autres peut aussi être un regard vers vous-même, comme un regard en arrièrre peut être un regard vers le futur. » – Dirk Peitz