+ VIDEO Depuis 1972, une petite unité indépendante teste les produits présentés aux clients Fnac. Un antre de technologie où se mêlent machines et experts.

Tester les objets technologiques que nous utilisons tous les jours pour s’assurer de leur qualité : voici l’objectif ambitieux du Labo Fnac.

Depuis 1972, cette petite unité indépendante de la direction de l’enseigne culturelle teste sans relâche les produits présentés dans les rayons. Chaque année, entre 600 et 1.000 produits passent de rigoureux tests techniques, pour ensuite être notés sur cinq étoiles.

Avec autant de produits, on imagine facilement un lieu immense, où s’activent des dizaines de techniciens nuit et jour. En réalité, le lieu est certes immense, à Massy, en banlieue parisienne, mais son écrasante majorité est occupée par un entrepôt Fnac. Dans l’un de ses coins se niche le Labo, avec ses murs insonorisés et ses machines ultra-spécialisées.

Des machines improbables

Les Echos
Les Echos

Aujourd’hui, cinq testeurs, spécialisés dans l’audio, la vidéo, l’informatique, la photo et la connectique scrutent smartphones, ordinateurs, imprimantes, appareils photo ou encore enceintes. Au quotidien, ils sont aidés par un responsable logistique et un directeur, Lionel Jarlan. Ce dernier, anciennement chef de produit jeu vidéo à la Fnac, est devenu directeur en 2013. « Je sers de Candide, je pose les questions, je suis l’emmerdeur, en-dehors du guidon », dit-il en souriant.

Que trouve-t-on au Labo Fnac ? Ce qui marque, c’est principalement des salles pour tester l’acoustique des produits audio, avec leurs murs recouverts de cônes en polystyrène. Ou encore une immense cage de Faraday, où les ondes extérieures sont totalement bloquées, pour mesurer la connectique des smartphones.

Ce qui impressionne surtout, ce sont des machines improbables réparties un peu partout, capable de mesurer comment s’adaptent à la lumière les pixels de nos téléviseurs, comment nos appareils photos réagissent au bouger et retranscrivent les couleurs, ou encore la puissance des ordinateurs. Chaque test de produit suit à la lettre un protocole bien établi, qui sera reproduit deux fois par produit. Si les mesures diffèrent de plus de 5%, le test est réalisé à nouveau. Une rigueur qui permet au Labo Fnac d’être extrêmement précis dans ses résultats.

« L’objectif est de savoir ce qui est important pour les consommateurs et leur usage »

Mais qui dit machines dit investissement. En moyenne, une machine de test coûte entre 50.000 et 100.000 euros, allant parfois jusqu’à 500.000 euros. Un véritable budget, qui varie d’année en année en fonction des commandes. « On coûte !», affirme avec honnêteté Lionel Jarlan. Qui ne se risquera cependant pas à donner un ordre de grandeur de son budget.

« L’objectif est de savoir ce qui est important pour les consommateurs et leur usage », continue-t-il. Une volonté qui guide chaque test, avec des produits testés selon leur configuration d’origine ou moyenne, même pour les plus beaux appareils Réflexe qui seront testés en automatique.

La 4G et les drones hors-champ pour le moment

Les Echos
Les Echos

Depuis 2013, les produits testés proviennent tous du catalogue Fnac. Une décision de l’actuel directeur après quelques affaires médiatiques où le Labo Fnac avait reçu des exemplaires constructeurs bidonnés, aussi appelés « golden samples ». Cette décision impose cependant au Labo de commander à la Fnac les objets, qui prendront deux à trois jours à lui parvenir, malgré sa proximité avec l’entrepôt.

Cette lourdeur n’est pas la seule à impacter le Labo Fnac. Du fait de son besoin de machines de tests, qui n’ont qu’une dizaine de clients à travers le monde, le Labo n’est parfois pas en mesure de tester des caractéristiques pourtant largement utilisées. La 4G ne peut ainsi pas être testée pour le moment.

Autre difficulté pour le Labo Fnac : l’obligation d’avoir au moins une trentaine de produits appartenant au même secteur, de différentes gammes, pour se lancer dans des tests. Les drones, les objets connectés ou encore les casques de réalité virtuelle sont ainsi hors-champ, le temps que ces secteurs gagnent en maturité.

Après 45 années d’existence, la Labo effectue sa mue numérique

En tant qu’entité Fnac, le Labo a aussi pour vocation de favoriser la montée en gamme des produits proposés par l’enseigne. Aussi, le Labo révise régulièrement ses barèmes de notation, dès lors que ses techniciens s’aperçoivent que les notes ont tendance à être toutes excellentes. Un objet testé en 2017 le sera donc plus sévèrement que le même type d’objet en 1990.

Après 45 ans d’existence, le Labo prend une nouvelle dimension. Depuis décembre dernier, le travail des techniciens est présenté sur un site à part, labo.fnac.com , animé par une équipe de 5 journalistes. Dirigée par Sofian Nouira, cette équipe se base sur les mesures techniques du Labo et va tester le même produit dans la vie quotidienne. Une fois ceci fait, un article est publié sur le site, à la manière d’un test tech présent sur de très nombreux sites d’informations aujourd’hui.

Une expertise difficile à répliquer ailleurs

« Avoir deux équipes différentes permet de s’éloigner de la priorisation commerciale de fnac.com », se félicite Lionel Jarlan, qui a influencé ce nouveau virage. L’objectif de ce nouveau site est de faire en sorte que les clients connaissent le travail unique de test réalisé dans le Labo. « Le contenu doit être détaillé pour le public, avec une indépendance totale entre labo et journalistes », continue Lionel Jarlan, lui-même indépendant de la direction Fnac.

La naissance de ce site permet au Labo Fnac d’effectuer sa mue numérique. Durant de nombreuses années, la seule production visible des clients Fnac était les dossiers du Labo Fnac, une double page papier distribuée aux abonnés. En 2013, la direction de la Fnac a estimé que ces dossiers étaient trop coûteux et les a supprimés d’un coup pour les remplacer par une application peu fonctionnelle.

Aujourd’hui, après sept mois d’existence, le site web du Labo Fnac attire déjà 500.000 visiteurs uniques par mois, dont près du tiers vient du site Fnac.com. « Nous sommes encore dans la phase 1 du projet, la rédaction devrait se développer », estime Sofian Nouira. Avec une telle force de frappe technique derrière chaque test, les sites spécialisés comme les numériques ou 01Net ont du souci à se faire.

@etiennecombier